Cesse de pleurer femme de ma Province

Patrick Ndara Bakole, l’administrateur de la Maison de la Femme à Bukavu, nous a écrit ce texte poétique sur le destin des femmes et les travaux de Mamas for Africa dans sa région.

« Cesse de pleurer femme de ma Province »

Une réalité qui frappe et qui fait pleurer….. Oui elle fait couler des larmes dans ce sens que la dignité  féminine  de ma Province est piétinée et lapidée comme un chien galeux.

Les pleures que la femme du Sud Kivu a  sur ses joues, manquent celui qui pourra les essuyer. Les plaies qu’elle possède,  manquent celui qui pourra les soigner… Du matin au soir, elle est abandonnée à son triste sort, elle crie  au secours, ses cris de douleur, de tristesse, se vaporisent dans les têtes et les consciences des inconscients, comme qui dirait : « Pleure, crie, grince tes dents, cela va au dépend de personne. Personne ne viendra à ton secours…… »

Oui, c’est quasiment faux ce qu’ils te disent ces assassins, ces criminels. Ne désespère pas, ne grince pas tes dents…cesse de crier, Mamas for Africa arrive rapidement à ton secours.

….. Cette organisation, en voyant que réellement la femme du Sud Kivu n’arrivait pas à soigner ses blessures, s’est permis de s’approcher de la femme du Sud Kivu. Cette façon d’arriver directement à sauver la femme qui a subi un viol, un crime, pour Mamas for Africa cela reste un travail qui mérite une médaille.

Comment pouvez-vous imaginer qu’une jeune fille de 10 ans, innocente de nature, peut être victime d’une agression sexuelle ? Qu’a-t-elle fait de mal pour mériter cela ? Mamas for Africa a accepté d’aider cette jeune fille dans les structures des Santé de Luvungi dans la Plaine de la Ruzizi.

D’aucun pense que la violence sexuelle n’existe pas ! Je confirme qu’elle existe. Mon expérience avec Mamas for Africa m’a poussé de voir au plus près, combien la femme de ma Province souffre, combien elle a droit à des soins après qu’elle ait été violée.

Les animateurs, les sensibilisateurs, les psychologues et les infirmières de Mamas for Africa font un travail qui dépasse mon intelligence. De quelle façon : ils partent dans les fonds fins des villages, des territoires, durant des jours et des heures pour aller, d’une part sensibiliser les personnes qui font tous ces viols, à arrêter , à comprendre que la dignité de la femme est précieuse. D’autre part, ils approchent les femmes et les filles qui ont connu un viol et un crime sexuel, par des méthodes purement propres : détresser la femme par des stratégies psychologues, par des sourires aux lèvres qui font revivre de nouveau la femme. Une fois que les psychologues aient terminé leur travail, ils (elles) orientent la femme chez des infirmiers qui font les premiers soins, avant de décider de l’orienter à une structure médicale, partenaire à Mamas for Africa…..Que des cas des soucis on a connu !!!

Je ne peux pas raconter tout ce que fait Mamas for Africa comme travail pour la femme de ma Province…Chaque semaine, elle réfère par ces moyens modestes, 7 à 8 femmes qui ont connu des viols. Surtout ces sont les femmes qui ont des prolapsus et des survivantes des violences sexuelles que Mamas for Africa aident en les faisant soigner soit à l’hôpital de Panzi, de Walungu et dans des autres structures sanitaires.

Le cas de Prolapsus reste un cas qui frappe beaucoup plus Mamas for Africa. C’est un cas qui nécessite directement une intervention chirurgicale. C’est un appui que Mamas for Africa donne à la femme d’une manière gratuite…

Cesse de pleurer femme de ma Province. Nos autorités politico-administratives t’ont abandonnés, t’ont sacrifié. Cela n’est pas la fin du monde. Nous tes enfants continueront à crier fort pour que tes cris atteignent toutes ces personnes de bonne volonté qui veut t’aider et qui a ce souci d’essuyer tes larmes. J’ai trouvé que ta seule amie est Mamas for Africa. Elle a écouté tes pleures, elle essaye d’essuyer tes larmes. Elle a refusé de te laisser dans la brousse, dans la rue avec tes souffrances, avec tes traumatismes. Elle a dit non, elle t’a tendu la main. Accepte qu’elle t’aide, accepte qu’elle brise ta glace, accepte que tu rajeunisses encore……

J’ai connu, j’ai vu et je ne cesse de voir des filles et femmes de ma Province qui ont connu toutes formes et sortes de violences sexuelles, passent à notre bureau de Bukavu avant d’être référées à l’hôpital de Panzi pour poursuivre des soins…Leurs yeux parlent…de fois, je les regarde au travers la fenêtre de mon bureau, cela choque mon existence. De fois je sors de mon bureau pour aller leur donner un bonjour de confiance et d’attachement. De fois je cours vite dans le bureau de mon Chef de Mission, Monsieur Jan Van der Zwalmen, pour aller lui dire que les filles et femmes veulent partir pour aller recevoir des soins. Père de famille qu’il est, n’hésite pas à quitter sa chaise directrice et vient aussi donner la main rassurante à ces filles et femmes violées. Ce que je lis dans ses yeux et sur son visage, c’est l’amour profond qu’il porte à ces femmes et filles violées.

Pouvez-vous imaginer qu’une femme qui vient du champ, pour chercher de quoi à  donner à ses enfants pour manger, avec son panier au dos plein des maniocs et de feuilles d’haricots, se fait arrêter par des inconscients et des inciviques. Ces derniers sans honte aux yeux violent sa propre fille, sa propre sœur ou dire loin sa propre maman. Quelle horreur ! Quel courage ! Quelle injustice ?

Juste après avoir terminé leur forfait, ils abandonnent la victime à son triste sort. Qui pourra aider cette femme à atteindre ses enfants ? À faire arriver ce panier de maniocs pour ses enfants aient de quoi à mettre sous la dent ?

De fois cette pauvre maman est rejetée même par son mari. Double crime que la femme connaisse.

Il y a aussi des cas que connaissent les femmes en ce sens qu’après avoir été violée par deux ou trois inciviques, elle se voit introduit un roseau dans son vagin. Imaginez un peu cette scène dramatique….

Heureusement pour certaines de nos filles et femmes victimes des violences sexuelles, acceptent que Mamas for Africa leur approche. Sur terrain, les équipes de Mamas for Africa reçoivent l’appui du Siège. Un appui continuel et palpable.

Un autre aspect qui inquiète farouchement est le fait de voir qu’une jeune fille de 12 à 15 ans qui quitte très fatiguée et affamée, suivre ses cours à l’école, se fait arrêter en cours de routes par des hommes et se fait violer…Pourquoi, pourquoi faire cet acte inhumain ? N’a-t-elle pas droit de continuer ses études pour devenir femme utile à ma Province.

Cette communauté internationale corrompue et qui reste muette devant tous ces crimes que subissent les femmes et les filles de ma Province, paiera cher un jour. Les larmes de toutes ces femmes restent dans un réservoir qui sera un bon jour déversées contre tout celui qui a refusé de donner son appui et son aide pour ces femmes qui souffrent et qui continuent de souffrir.

Nos autorités qui ne font rien et qui se permettent de rester dans leur fauteuil, contribuent aussi à la souffrance de nos filles et femmes violées. Comment un père de famille peut refuser de donner assistance à sa fille qui souffre ? Difficile à expliquer, difficile à comprendre aussi.

Cesse de pleurer femme de ma Province et retrouve ta joie !

Courage Mamas for Africa. Ton travail est d’une grande importance pour la femme de ma Province !!!